Produire certains types de fruits et légumes au plus près des lieux de consommation et profiter de l'énergie fatale des bâtiments est une piste de travail sérieuse. Il faut veiller en sus à former des praticiens compétents capables d'aborder les techniques de production tant en culture de pleine terre qu'en hors sol. Les fermes urbaines sont des lieux d'apprentissage, de sensibilisation et de formation.
Quels sont les freins qui pourraient ralentir ce type de projet (une serre sur un toit) auprès des grands aménageurs fonciers et des promoteurs immobiliers ?
La question des normes de construction, de l'esthétique des projets, de l'accès ERP pour pouvoir accueillir des groupes sont autant de freins qu'il faut lever.
Dans ce modèle, la rentabilité économique n'est pas toujours au rendez-vous. Quels sont les écueils à éviter et comment comptez-vous prouver la pertinence de votre projet de serre sur un toit à la ferme ouverte de St Denis (FOSD) ?
Les échecs récents en agriculture urbaine viennent souvent d'un parti pris technique ou économique unique. La complexité des techniques, le prix élevé des production, l'impossibilité de trouver des ressources complémentaires, la limitation des charges admissibles en toitures, l'absence d'autorisation ERP par exemple, sont autant d'obstacles non anticipés.
Enfin, l'agriculture urbaine mélange des initiatives professionnelles non subventionnées et des projets sociétaux fondés à 80% sur le bénévolat.
Notre projet de Serre à Saint Denis fait partie d’un ensemble cohérent et multifonctionnel :
• Accueil de publics scolaire et familial
• Production alimentaire en plein champ et sur le toit
• Vente directe
• Accueil d’entreprises…
Cette multifonctionnalité est complexe à gérer mais assure la solidité du projet dans le temps.
Cette ferme est un nouveau lieu de destination pour le territoire de Plaine Commune, nous créons des vues, une fierté nouvelle et donc de la valeur.
Est-ce que vous allez réussir à faire baisser le prix des fruits et légumes à la plaine St-Denis ?
Les prix y sont déjà bas. Ce que nous allons réussir, c’est d’offrir haute qualité et ultra fraîcheur sur des produits de première nécessité.
Le projet européen finance 60 % du coût du projet, comme les infrastructures de serres et de monitoring (environ 120k€).
Le reste du projet est destiné aux études en amont, aux comparaisons entre les quatre projets européens retenus et au suivi dans le temps. Les 40 % restants sont portés par les Jardins de Gally.
Les professions horticoles et paysagères souffrent d’un manque de vocations. On parle de 12 000
emplois non pourvus. Est-ce que ce projet, sa dimension technique et digitale, peuvent créer des
envies de candidatures ?
C’est notre premier souhait :
• Accueillir des écoles, des stagiaires, des apprentis
• Loger sur place pour faciliter la compréhension de ce type de métier et ses astreintes (arrosage, protection contre le gel, …)
Être en contact avec d’autres professionnels pour reconstruire une formation de terrain opérationnelle dans les territoires à fort taux de chômage, c’est le défi du quotidien !
Il y a urgence, ce n’est plus un jeu de trouver une alimentation de qualité en banlieue, recruter dans les métiers de production, participer concrètement à la reconquête écologique de territoires délaissés.
Oui c’est envisageable si le modèle économique se confirme, mais aujourd’hui, ce qui nous caractérise le plus à la FOSD, c’est notre rôle de ferme urbaine témoin aux portes de Paris et notre volonté de synthétiser les deux tendances qu’on observe en matière d’agriculture, à savoir :
• Une agriculture verticale, connectée, très spécialisée, qu’on retrouve dans les fermes urbaines qui utilisent des méthodes de production comme l’hydroponie
• Une agriculture à taille humaine, moins capitalistique, qui crée du lien entre les gens localement et remet de la nature dans les cultures
C’est ce que nous faisons avec notre projet de serre sur un toit qui va produire des tomates en utilisant l’hydroponie et nos productions locales de pleine terre, vendues sur place et cultivées dans les terres maraîchères parmi les plus productives d’Ile-de-France.