Le projet pour la Ferme Ouverte de St-Denis a pour objectif de développer des cultures sous serre et hors sol en relation avec la production agricole de la ferme, avec une vocation de recherche et aussi de production. La serre horticole, avec tous les équipements qu’elle comprend, est l’outil adapté à cette fonction. Par ailleurs, la Ferme Ouverte de St-Denis souhaitait disposer d’un espace polyvalent, associé à cette serre, à usage de formation et d’éducation.
La combinaison des deux fonctions
a généré le projet, qui s’adosse et se
raccorde à des constructions existantes,
le long de la rue, à l’entrée du site. Il
comprend deux niveaux et la serre
est réalisée sur le plancher du second
niveau.
La réalisation de la serre horticole sur
le plancher du premier étage, pour
des cultures hors sol, permet aussi de
mieux utiliser le sol et de conserver le sol naturel pour des cultures en pleine terre.
Pour la culture de végétaux, la lumière naturelle est indispensable et doit être maximale. Les serres horticoles sont conçues et adaptées pour cette utilisation. Totalement transparentes et dotées d’ouvrants de ventilation et de rideaux d’ombrage pour contrôler le climat intérieur, elles utilisent la lumière du soleil, pour créer un micro-climat et permettre ainsi aux plantes de se développer.
Ainsi, ce bâtiment utilise au maximum la lumière et l’énergie du soleil avec de larges façades vitrées au Sud et à l’Ouest avec des menuiseries coulissantes.
Cela permet d’offrir des vues sur les champs et sur la ferme. Les débords de balcon de l’étage protègent d’un ensoleillement trop important au milieu de journée ou d’été. Un jardin d’hiver crée un « espace isolant » sur la façade Ouest, reprenant le principe des serres horticoles pour créer un espace tampon avec de l’air préchauffé naturellement. La serre horticole couvre entièrement le plancher de l’étage. Elle forme aussi un espace climatiquement isolant qui bénéficie aux locaux du rez-de-chaussée, dont les besoins énergétiques seront ainsi largement réduits ; Cela permet aussi de profiter des apports solaires gratuits du soleil que ce soit par les façades mais aussi par la toiture, tout en conservant une ouverture sur l’environnement de la ferme à l’intérieur du bâtiment.
Dans l’atelier polyvalent, les locaux techniques sont regroupés au Nord du bâtiment. L’espace est dégagé au maximum sur ces 2 façades pour profiter pleinement de la lumière naturelle. L’ancien corps de bâtiment longeant le chemin de Saint Léger, construit avec la ferme d’origine, a été conservé car il pouvait être remis en état sans en démolir les structures et sa charpente. Son espace se prolonge sous la nouvelle structure, pour former ensemble un grand espace d’atelier technique.
Nous avons recherché dans le projet un système de construction simple, une efficacité de réalisation et une économie qui correspondaient au contexte, à la nature du projet et aux besoins de la Ferme Ouverte de St-Denis. Tout comme celui des serres horticoles, le principe constructif du bâtiment est simple et efficace: il s’agit d’une structure poteaux / poutres en béton avec un plancher en dalles alvéolées de grande portée (9,3m). Entre cette structure, cloisons légères et menuiseries vitrées viennent délimiter des espaces. Les limites avec l’extérieur s’effacent lors que les baies coulissantes sont ouvertes.
Ce sont des principes constructifs simples et économiques, basés sur l’utilisation au maximum d’éléments aux dimensions standardisées et qui peuvent être réalisés sans difficulté par des petites ou moyennes entreprises. La serre est une serre horticole standard, dont la seule particularité est d’être construite sur une plateforme en béton et non directement sur le sol. En termes de conception et réalisation, une des difficultés a été de se raccorder à un existant, pour conserver au maximum des structures en place qui pouvaient encore servir.
Nous avons été mis en relation avec la Ferme Ouverte de St-Denis par l’entreprise de montage de serres horticoles Gilloots, avec qui nous réalisons depuis vingt ans des projets d’architecture avec des serres. Il s’agissait de combiner une fonction de production agricole avec un usage plus classique d’espace de travail, dans un environnement péri-urbain, où se re-développe une activité de production agricole. Nous avons trouvé le sujet intéressant.
De bonnes conditions de projet étaient tout simplement réunies et notamment un intérêt commun avec le maître d’ouvrage utilisateur, autour de l’architecture bio-climatique, lié aux recherches autour des serres de culture en tant que toiture associée à des bâtiments d’un autre usage.
Dans de nombreux projets que nous avons réalisés, les serres ont un usage complémentaire à l’habitation ou à une autre fonction. Elles forment à la fois un très bel espace d’usage, entre le dedans et le dehors, en relation avec l’extérieur : le ciel ou la nature et sont utilisées comme un espace climatique dans une conception bioclimatique des bâtiments, pour leur capacité de capteur solaire, ou d’espace tampon isolant, qui définissent une zone climatique intermédiaire, très favorable au contrôle du confort et à l’économie d’énergie. Il peut y avoir des cultures à l’échelle individuelle, mais sans comparaison avec la serre de la Ferme Ouverte de St-Denis, qui est une serre de culture et de recherche réalisée dans le cadre d’une ferme agricole.
Nous avons en cours quelques projets où des serres seront utilisées pour des cultures mais dans un cadre contenu et pour des cultures très spécialisées. Aujourd’hui, il nous semble qu’il est nécessaire d’avoir une grande surface de culture pour que les exploitations agricoles soient viables. Ici, il s’agit d’une ferme pédagogique et de production et le bâtiment est accolé à de grandes surfaces de champs, ce qui fait que cela fonctionne. Mais chaque contexte est différent et doit être analysé précisément.
Les fermes urbaines ont un rôle fondamental dans l’éducation. Leur visite est souvent la seule occasion pour les enfants de voir et comprendre ce qu’est l’agriculture dans des milieux urbains comme l’agglomération parisienne. La Ferme Ouverte de St-Denis est en exploitation depuis plus d’un siècle. Elle fait partie du patrimoine de la ville de St-Denis.
Elle est aujourd’hui entourée par les
constructions d’habitation. Elle est devenue une « ferme urbaine ». Il est probable que l’avenir des fermes urbaines soit dans la conservation de
l’existant et de leur savoir-faire, pour
le transmettre aux futures générations d’enfants grandissants en ville.
Sur un autre aspect, il est aussi important que les fermes de production se rapprochent à nouveau des villes, pour produire au maximum au plus près de la consommation et réduire les circuits. Les habitants des villes sont aujourd’hui attentifs à ces questions.
Avec les années soixante sont apparues des constructions rationnelles de grande ampleur, l’utilisation d’éléments constructifs standardisés et l’utilisation du béton armé à grande échelle pour fabriquer des bâtiments économiques et offrir des logements salubres au plus grand nombre.
Aujourd’hui, la démolition n’est plus possible. Si certains aspects de ces constructions ne répondent plus aux attentes des utilisateurs, notamment énergétiques, cela ne remet pas en cause leur qualité constructives et leurs principes de conception (qui sont toujours d’actualité), et encore
moins leur existence.
Il ne s’agit pas de piocher des inspirations dans des périodes particulières mais plutôt d’analyser précisément ce qui a été fait précédemment et de comprendre pourquoi cela a été fait. Nous nous inscrivons dans ce récit architectural, sans à priori esthétique sur l’existant.